CHAPITRES

CENTENAIRE DE LA GUERRE

Commune de Panossas (Isère)

Dans les villes et les villages, des hommes sont partis, pour ne jamais revenir. A Panossas, un Poilu en sentinelle, arme au pied, garde encore aujourd'hui sur le Monument aux Morts la mémoire des quatorze enfants du village tombés pour la France : le plus âgé avait trente-six ans, le plus jeune venait de fêter ses vingt printemps. La Première Guerre Mondiale marquera la population française d'une profonde cicatrice, et tourmentera jusqu'à la fin de leur vie tous ceux qui reviendront, hantés par les horreurs de la guerre.

LE PROJET

Qui étaient-ils ? Pourquoi sont-ils partis ? Où ont-ils combattu ? Il y a voilà cent ans, des dizaines de Panossiens répondaient à l'appel de la mobilisation et partaient combattre sur les champs de bataille du Nord et de l'Est de la France. Les acteurs ont maintenant disparu, et les témoignages ont malheureusement été rares. Il ne reste aujourd'hui de ces quatre années de souffrances que le nom de ceux tombés pour le pays sur les monuments aux morts de nos villages. Peu à peu, le souvenir s'est effrité, et la compréhension même de la Grande Guerre devient chaque année plus compliquée à appréhender pour un bon nombre de contemporains.

Proposer un éclairage sur les évènements du conflit à travers le parcours des soldats panossiens et de leurs régiments respectifs, faire renouer la population avec une part de l'Histoire du village, tels sont les objectifs de ce projet. Simplement et humblement.

La Caserne Brenier à Bourgoin. La Gendarmerie occupe aujourd'hui le site – source inconnue

Le baptême du feu

A quatre heures du soir, ce samedi 1er août 1914, les gendarmes en automobile ou à cheval parcourent la campagne pour avertir les populations de la dépêche de mobilisation générale du Ministère de la Guerre. De cloches en cloches, le tocsin propage la nouvelle dans la vallée de Chamagnieu, à Chozeau en passant par Panossas et Veyssilieu, et surprend les cultivateurs dans leurs travaux agricoles. Par tous les chemins, hommes, femmes et enfants accourent à la mairie pour prendre acte de l’ordre.

Malgré l’intuition d'un grand malheur, les institutrices et instituteurs du Dauphiné relèvent le calme des hommes. Ni tristes, ni joyeux. L’historien Marc Bloch, lui-même mobilisé le confirme : « les hommes pour la plupart n'étaient pas gais : ils étaient résolus, ce qui vaut mieux ». Et puis, c'est probablement l'histoire d'un mois, deux tout au plus : les agriculteurs manqueront les récoltes, mais ils sont persuadés d’être revenus pour les semailles.

Alors on rentre chez soi pour préparer ses affaires et pour faire ses adieux, car pour certains, l'heure du départ est déjà fixée au lendemain. Conscrits, réservistes ou « pépères » territoriaux, ce sont au moins 37 Panossiens qui quittent leurs foyers pour rejoindre leurs unités à Bourgoin, Lyon, Grenoble, Annecy ou encore Alberville. Parmi les premiers à partir, on trouve par exemple le cannonier François Boissat, un jeune cultivateur de 25 ans travaillant sur les terres de son père, Antoine, situées au Village. C’est avec hâte qu’il dut se préparer pour arriver dès le 2 août dans son unité, le 54ème Régiment d’Artillerie de Campagne de Lyon.

Voir les 37 Panossiens mobilisés

  • BIENNARD Félix
    24 ans
    22ème Infanterie
  • BIZET Joseph
    26 ans
    28ème Chasseurs Alpins
  • BIZET Pierre
    38 ans
    106ème Territorial
  • BIZET Victor
    23 ans
    86ème Art. Lourde
  • BOISSAT François
    24 ans
    54ème Art.Campagne
  • BONNARD Camille
    30 ans
    222ème Infanterie
  • BOURGEOIS Joseph
    24 ans
    175ème Infanterie
  • BORDEL Joseph Antoine
    29 ans
    222ème Infanterie
  • BORDEL Louis Clément
    32 ans
    14ème Esc. Trains
  • BOUVET Emile
    26 ans
    99ème Infanterie
  • BOUVET Claudius
    31 ans
    22ème Infanterie
  • DROGOZ Antoine
    23 ans
    4ème Dragons
  • DURAND Adolphe
    22 ans
    22ème Infanterie
  • DURAND Charles
    24 ans
    22ème Infanterie
  • FEISSEL Jean
    35 ans
    106ème Territorial
  • GERMAIN Antonin
    25 ans
    11ème Chasseurs Alpins
  • GIRERD-MARTIN Joseph
    41 ans
    106ème Territorial
  • GIRIN Pierre
    37 ans
    106ème Territorial
  • GUICHERD Joseph
    29 ans
    22ème Infanterie
  • JOLY François
    28 ans
    6ème Art. Campagne
  • LADOUCY Joseph
    22 ans
    28ème Chasseurs Alpins
  • MEUNIER Charles
    22 ans
    30ème Chasseurs Alpins
  • MICHUT Louis
    36 ans
    14ème Esc. Trains
  • MICHUT Pierre
    38 ans
    14ème Esc. Trains
  • PALLET Jean
    41 ans
    Gr. Territorial 2ème Art.
  • PERRIN Joseph Jean
    27 ans
    2ème Art. Afrique
  • PERRIN Joseph Pierre
    34 ans
    222ème Infanterie
  • PLANCHET Henri
    26 ans
    12ème Esc. Trains
  • ROLLAND Jean
    36 ans
    255ème Art. Campagne
  • ROUX Joseph
    36 ans
    106ème Territorial
  • ROYBIN Louis
    22 ans
    22ème Infanterie
  • ROYBIN Lucien
    21 ans
    6ème Colonial
  • TACHER Alphonse
    25 ans
    22ème Infanterie
  • TACHER Charles
    22 ans
    5ème Dépôt Flotte Toulon
  • VESSILLIER Joseph
    24 ans
    22ème Chasseurs Alpins
  • VIAL Joseph
    31 ans
    14ème Infirmiers
  • VARNIEU Joseph
    29 ans
    84ème Art. Campagne

Après vingt-quatre heures de voyage, le régiment débarque à Epinal. C'est le soir, une certaine animation règne dans la ville. On essaye de se renseigner. Que se passe-t-il dans la région ? Tout va bien, telle était la réponse.

Historique du 99ème RI par le Lt. Col. D. MICUMET – Avril 1932

Si les régiments territoriaux et de réserve, à l'instar du 222ème Régiment d'Infanterie, partent pour une période d'instruction, les régiments d'active partent tôt pour le front. Dans la nuit du 6 au 7 août, le 22ème Régiment d’Infanterie s’embarque en gare de Bourgoin pour être envoyé dans le secteur d’Epinal. Le 10, le régiment se porte à la frontière devant Saint-Dié pour participer à l’invasion de l’Alsace au sein de la 1ère Armée du Général Dubail, enthousiaste, porté par sa devise, "Courageux et robuste dans la bonne humeur" et emmené par le Colonel Bulot. Aucun des soldats ne se doute à ce moment là qu’il va devenir, avec tous leurs camarades, un des acteurs principaux de la plus meurtrière de toutes les guerres.

Dans la première partie du mois d’août, les Dauphinois avancent avec la 1ère Armée en Alsace aux côté des Drômois, des Lyonnais et des Savoyards avec comme objectif d’atteindre le Rhin. Mais cette avance rapide n'est qu'un trompe-l'œil. Bientôt, les Allemands repartent au contact. N'ayant que leur képi et leur lourd sac de marche pour se protéger du harcèlement des canons de 130 et de 150, les pantalons rouges français tentent de tenir au prix de lourdes pertes. Les régiments sont envoyés en pure perte contre l'ennemi dont les mitrailleuses hachent les troupes avant qu’elles n’aient pu se servir de leurs baïonnettes. A titre d’exemple, le 22ème de Bourgoin laisse derrière lui 43 soldats et 3 officiers les 18 et 19 août, puis de nouveau 36 hommes les 23 et 24 août en défendant Sainte-Marie-aux-Mines et le col d’Urbeiss. Parmi eux apparaît le nom du Chozoyard Claude Chemin. A l'infanterie comme aux valeureux chasseurs alpins accrochés aux pentes des cols, l'ordre est donné de tenir, mais la pression est trop forte. Le 29 août, le caporal Germain du 11ème Bataillon de Chasseurs Alpins est capturé à Saint-Dié, tout comme le soldat de 1ère classe Emile Bouvet du 99ème de Lyon. Le 2 septembre, c’est le frère aîné de ce dernier, Claudius, qui est capturé par les Allemands alors qu’il combattait avec le 22ème de Bourgoin. Pour eux, la guerre est déjà terminée et ils ne reverront leur pays que quatre ans plus tard

Viennent ensuite d'autres nouvelles du front, bien plus funestes.

Dix fois les charges héroïques se multiplièrent, dans des corps à corps si violents qu’on retrouva, dit-on, les corps de deux ennemis qui s’étaient, l’un l’autre, traversé la poitrine de leurs baïonnettes.

La Bataille de la Chipotte, Louis Sadoul dans le "Pays Lorrain" – 1920

A Rougiville, le 31 août 1914, le 2ème classe Louis Roybin du 22ème de Bourgoin est le premier Panossien à tomber pour la France. Son frère Lucien engagé dans la terrible bataille du Col de la Chipotte — surnommé le “trou de l’enfer" — ignore encore tout de la tragédie qui vient d’endeuiller sa famille à seulement seize kilomètres au sud de sa position. Louis laisse derrière lui Marie-Joséphine avec qui il venait de s’unir un an plus tôt en 1913. Partout, les pertes sont terribles. Les réservistes du 222ème, dont font partie Joseph-Antoine Bordel, Camille Bonnard et le territorial Joseph Perrin, tout juste arrivés depuis le 21 août dans le secteur de Lunéville, payent eux aussi très cher leur engagement dans le conflit : dans un énième assaut en pure perte lancé contre les positions allemandes, le régiment comptabilise une cinquantaine de tués, plus de deux cents blessés et surtout près de deux cent cinquante disparus dans la seule journée du 30 août. Par bonheur, on ne comptera ce jour-là aucun Panossien parmi les pertes.

Bousculées, les troupes françaises finissent par céder et se replier, mais la contre-attaque opportune et victorieuse sur la Marne va permettre aux Dauphinois de repasser la Meurthe. La prix de cette première victoire est élevé : la bataille des frontières aura coûté plus de 200 000 tués, blessés et disparus à la France. A titre d'exemple, le 6ème Régiment d’Infanterie Coloniale dans lequel sert Lucien Roybin a perdu 80% de ses officiers d’origine et 60% de ses hommes de troupe. Las d'être envoyés à une mort certaine, la colère commence à gronder dans les rangs. Le Général Joffre, excédé par ce qu’il estime être, à tort, de la couardise, décide de créer des conseils de guerre spéciaux pour juger les crimes militaires de soldats épuisés et démoralisés et ordonne de passer par les armes les fuyards dès le 2 septembre. Le 7 septembre, trois Isérois sont fusillés pour abandon de poste devant l’ennemi.

Chasseurs à la Tête des Faux en décembre 1914. Historique du 30ème RCA — Gallica (Bibliothèque nationale de France)

Triste Noël

Dans les villages, où l’on reçoit de temps à autre des nouvelles du front grâce aux lettres des soldats, on commence à comprendre que la guerre est partie pour durer et que les hommes ne seront pas rentrés pour les semailles. Pour combler les pertes dans les régiments, on a mobilisé la classe 1914 dès le 1er septembre. Ils sont sept Panossiens à être concernés.

Voir les Panossiens de la classe 1914

  • BOUVET Eugène
    20 ans
    30ème Infanterie
  • CANDY Martin
    20 ans
    5ème Art. Lourde
  • DURAND Joseph
    20 ans
    17ème Infanterie
  • GERMAIN Jean
    20 ans
    4ème Génie
  • LADOUCY Jean-Claude
    20 ans
    20ème Chasseurs Alpins
  • MOREL Joseph
    20 ans
    30ème Infanterie
  • TACHER Félix
    19 ans
    30ème Infanterie

Les jeunes conscrits ne sont pas les seuls à venir grossir les rangs de l'armée française : cette dernière va aussi rappeler de nouveaux territoriaux, comme Louis Vavre qui rejoint le 158ème Régiment d'Infanterie ou Joseph Rolland affecté au 2ème Bataillon Territorial de Chasseurs à Pied.

Eprouvés par maintenant plus d'un mois de combats, les espoirs de repos et de paix seront rapidement douchés. Début octobre, Lucien Roybin est engagé avec le 6ème Colonial dans le secteur de Woëvre avec comme objectif de prendre Loupmont. Entre le 27 septembre et le 2 octobre, le régiment va subir de lourdes pertes : 40 soldats sont tués et près de 110 hommes sont portés disparus, sans que le village n’ait pu être pris. Lucien tombe pendant cette attaque, une tristesse immense pour les Panossiens qui voient cette infâme guerre prendre à leurs amis Joseph et Marie-Antoinette Roybin deux fils en l’espace de deux mois.

Excellent gradé qui a fait preuve en maintes circonstances de sang froid, de courage et d'audace. A été blessé grièvement au cours du combat du 02 octobre 1914.

Citation à l'Ordre de l'Armée du Caporal Tacher

Les deux armées cherchant à se contourner ont ouvert un nouveau front dans le Nord. Les 22ème, 99ème et 30ème Régiments d'Infanterie sont envoyés dans la Somme, où les Allemands ne les ménageront pas. Le 2 octobre, ils bousculent nos valeureux Dauphinois qui finissent par les faire reculer au prix de nombreuses pertes : le Caporal Alphonse Tacher tombe à la tête de son escouade, grièvement blessé à la main droite et à la jambe gauche. Il deviendra le premier Panossien de la Grande Guerre à être cité pour son comportement face à l’ennemi, une citation qui lui confèrera le droit au port de la Croix de Guerre avec palme de bronze mais surtout la Médaille Militaire, celle que les soldats surnomment eux-mêmes la Médaille des Braves.

Pour beaucoup d’hommes sur le front, le mois d’octobre va voir la fin de la guerre de mouvement. Pour la première fois dans l’Histoire, les armées creusent et s’enterrent dans des tranchées. Les lignes se fixent, la vie s’organise dans les boyaux. Avec la guerre des tranchées vient la peur des minenwerfers, cette artillerie allemende à tir courbe, et celle des mines, ces tunnels creusés sous les lignes adverses que l'on charge d'explosifs.

Brave soldat mort pour la France à son poste de combat le 20 décembre 1914 en Artois.

Citation à l'Ordre du Régiment du 2ème Classe Durand

Après un mois de novembre plus calme, l’Etat-Major français va préparer une série d’offensives qui seront lancées à partir du mois de décembre 1914. Si les Dauphinois terrés dans les tranchées de la Somme seront globalement épargnés par ce plan, ce n'est pas le cas de tous les Panossiens. La division du 17ème Régiment d'Infanterie, par exemple, va faire partie d’un dispositif d’offensives dont l’objectif est de rompre le front ennemi en Artois entre Béthune et Lens, un secteur où les tranchées ne sont qu'un immense bourbier. L’attaque, qui débute le 16 décembre, se poursuit avec un résultat nul. Le 20 décembre, le 17ème perd 40 soldats devant Aix-Noulette. Joseph Durand, à peine 20 ans et arrivé sur le front le 10 novembre, est mortellement touché dans l'assaut. Cité à l’ordre du régiment, il reçoit une Croix de Guerre avec étoile de bronze et la Médaille Militaire à titre posthume. Il est déjà le troisième enfant de Panossas à tomber pour la France.

Lorsque passe un Chasseur, un simple petit Chasseur de 2ème classe, tous les prisonniers, ostensiblement rectifient la position ; un Sergent, interrogé, se fige dans un garde à vous impeccable, montre du menton un de ses gardiens et dit simplement :"Die besten Truppen in der Welt – les meilleures troupes du monde".

Historique du 30ème RCA — Gallica (Bibliothèque nationale de France)

Les chasseurs alpins sont, eux, courant décembre, encore engagés en Vosges dans des conditions particulièrement difficiles. Un mois après avoir pris la Tête du Violu, le 1er Groupe Alpin se lance à l’assaut de la Tête des Faux. Le 2 décembre 1914, les chasseurs du 28ème, aux côtés de ceux du 30ème, vont gravir ses pentes presque inaccessibles, escalader des éboulis d’énormes rochers et se frayer un passage à la serpe et à la cisaille à travers de denses réseaux de fils de fer pour atteindre la crête. Ils vont prendre le sommet et commencer à y aménager des tranchées de fortune ; ils tiendront, quand les Allemands contre-attaqueront toute la nuit. Au matin du 3 décembre, l’ennemi abandonne tout espoir de déloger les chasseurs français et se replie. Le bataillon savoure sa victoire et compte ses morts : parmi eux se trouve Joseph Ladoucy, un jeune Panossien natif de Chamagnieu dont le père est cultivateur à Varnieu.

Après cinq mois de guerre, Panossas a déjà perdu quatre de leurs mobilisés. Un a été grièvement blessé et trois sont prisonniers en Allemagne. Pour ceux éparpillés sur le front des Flandres aux Vosges en passant par la Somme et la Champagne, c’est un bien triste réveillon du 31 décembre que l’on fête, loin de sa famille. La guerre semble bien partie pour durer : ce sont maintenant les jeunes de la classe 1915 qui deviennent mobilisés. Jean Baptiste Tacher, du haut de ses 19 ans, rejoint le 58ème Régiment d’Infanterie d'Avignon pour entamer son instruction.

Soldats d'infanterie, munis de masques, traversant les fils de fer barbelés ennemis — Agence Meurisse / Gallica (Bibliothèque nationale de France)

Cette guerre infâme

Inquiet de la situation à l’Est sur le front russe, Joffre va planifier pour 1915 deux grandes offensives, d’abord en Champagne, puis en Artois, ce afin de fixer un maximum de troupes ennemies sur le front Ouest. Dans les tranchées, on se prépare à de nouveaux dangers : les tirs de barrage vont se multiplier devenant à la fois une arme de destruction et une arme psychologique et les fantassins devront apprendre à faire face à la menace des lance-flammes. Mais, pire que tout, 1915 sera aussi, au grand malheur des soldats, l’année de l’apparition des infâmes gaz de combat.

Que ce soit dans le Pas-de-Calais, la Somme ou en Lorraine, l’hiver sera mis à profit pour améliorer les positions. Jusqu’à l’été, les secteurs occupés par les Panossiens vont demeurer relativement calmes. Mais le danger rôde toujours, sournois. C’est un bien malheureux drame qui se joue par exemple le 9 avril. Loin des lignes cantonné à Athienville avec son régiment – le 222ème Régiment d’Infanterie – Camille Bonnard va être touché à la cuisse gauche par une balle tirée involontairement par un homme de son escouade. Hospitalisé à l’Hôpital Militaire de Lunéville, il décèdera des suites de ses blessures quelques jours plus tard, le 16 avril 1915.

Avril coïncide avec le début de l’opération des Dardannelles. Aux côtés des Britanniques, des Australiens et des Néo-Zélandais, Joseph Bourgeois va s’y retrouver engagé avec le 2ème bataillon du 175ème Régiment d’Infanterie. Débarqué le 27 avril au cap Helles, sur la plage de Sedd-ul-Barhr, le régiment ne progressera que de 300 mètres avant d’être contraint de se replier sur ses premières positions dès le lendemain au prix de 650 tués et blessés. Le Panossien, promu caporal le 1er mai après les pertes élevées des jours précédents, sera lui-même blessé à la tête le 10 du même mois dans une série d’attaques à la baïonnette dont le seul effet sera d’allonger un peu plus la liste des victimes. L'opération des Dardannelles est un échec et les troupes seront finalement évacuées vers Salonique.

Très bon sapeur, courageux. A été grièvement blessé au combat de Carency le 9 mai 1915 en faisant son devoir.

Citation à l'ordre de l'Armée du Sapeur Germain.

Après le succès de la Première Bataille de Champagne, l’Etat-Major français va profiter du retour des beaux jours pour reprendre une série d’offensives à l’Ouest, notamment en Artois. Devant Carency, Neuville Saint Vaast et Notre Dame de Lorette, les fantassins vont participer à de sanglants combats, les objectifs étant pris et perdus au prix de nombreuses vies. Le 9 mai, au premier jour de la bataille, Jean Germain, sapeur-mineur à la 13ème Compagnie du 14ème Bataillon du 4ème Régiment de Génie de Grenoble, s’élance, comme à son habitude, avec les colonnes d’assaut pour organiser le terrain conquis. Les pertes sont importantes et notre Panossien se trouve déclaré disparu sur le champ de bataille. Il finira par être retrouvé, vivant, mais grièvement blessé par un éclat d’obus à la jambe droite, une blessure dont il portera les séquelles juqu'à la fin de sa vie. Son courage lui vaudra l'attribution de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre avec palme.
Les opérations en Artois vont se poursuivre jusqu'en juin, où le 20ème Bataillon de Chasseurs à Pied va être engagé dans d’âpres combats au corps à corps à Notre Dame de Lorette. C’est là que, le 18, le Caporal Jean-Claude Ladoucy, 20 ans à peine, va être tué. Une tragédie pour la famille Ladoucy qui avait déjà perdu un fils en décembre 1914. La période verra par ailleurs un autre Panossien évacué du front, cette fois-ci pour maladie : il s’agit de Charles Durand, soldat au 22ème de Bourgoin et frère de Joseph, mort pour la France quelques mois plus tôt à Aix-Noulette.

Déjà très éprouvés à la fin de l'année 1914, les chasseurs alpins vont une nouvelle fois être mis à contribution dans les Vosges pendant l'été 1915. Le 20 juillet et les jours suivants, ils sont lancés contre les positions allemandes sur le massif massif Linge - Schratzmännele - Barrenkopf. Les attaques et les contre-attaques se succèdent, les hommes tombent par groupes entiers, fauchés par les mitrailleuses. Des compagnies sont complètement anéanties. Joseph Vessillier tombe comme tant d'autres du 22ème Bataillon. Les chasseurs vont s'accrocher aux positions conquises, bien qu'écrasés par l'artillerie et harcelés par l'infanterie ennemie qui tente coûte que coûte de reprendre le massif. Fin août, les Français en sont définitivement maîtres, mais les pertes pour les bataillons de chasseurs alpins sont effroyables : les tués se comptent par milliers et les unités sont exsangues ; le 30ème Alpins est, lui, quasiment anéanti.

Pour ceux dans la Somme, la vie dans les tranchées est extrêmement pénible, particulièrement pour ceux stationnés dans le secteur de la Frise, haut-lieu de la guerre des mines. Mais la peur de l'explosion souterraine peut parfois vous faire oublier celle de l'artillerie. Le 9 juillet, par une journée plutôt calme, Félix Tacher, caporal au 30ème Régiment d'Infanterie, va en faire l'amère expérience. Le jeune de 20 ans, mobilisé avec la classe 1914, va en effet être grièvement blessé à la jambe droite par un éclat d'obus. Evacué, il ne reviendra jamais auprès de ses camarades, mais recevra la Croix de Guerre avec palme et la Médaille Militaire.

Le 25 septembre débute la Seconde Bataille de Champagne. Dans l'ensemble, les troupes atteignent toutes leurs objectifs dans ce qui sera une belle – mais limitée – victoire française. La fin de l'année se déroulera, pour tous nos soldats, plus calmement. Un calme qui ne leur enlèvera malheureusement pas l'amertume de passer un second Noël loin de leurs proches.

Verdun – photographie prise par un Officier du 112eme Regiment d'Infanterie

La course à la Mort

Après la classe 1916, appelée en août, c'est maintenant à la classe 1917 que l'on mobilise en France. Joseph Dufour part pour le 23ème d'Infanterie dès le 8 janvier. D'autres Panossiens seront concernés par l'appel, mais plus tard, en août de la même année : Jean Raymond Tacher rejoindra les Alpins du 13ème Bataillon, quant à Laurent Perrin, ce sera pour lui le 4ème Régiment d'Artillerie de Campagne.

Alors que les troupes traversent un hiver rigoureux, Joffre, avec ses alliés britanniques, va commencer à mettre sur pied une grande offensive dans la Somme avec comme but de percer les lignes allemandes. Mais l'ennemi va le prendre de vitesse.

Le 21 février, à 7 heures du matin, l'artillerie allemande déverse un déluge de feu et d'acier devant Verdun. En deux jours, deux millions d'obus vont tomber sur les positions françaises. L'orage passé, il ne reste plus aucune défense ni aucune unité pour s'opposer aux 60 000 soldats ennemis qui passent à l'attaque. Le 25 février, le fort de Douaumont tombe : les Allemands ne sont plus qu'à cinq kilomètres de Verdun. Malgré les rapports des aviateurs et les témoignages des prisonniers indiquant une attaque imminente sur Verdun, l'Etat-Major avait en effet décidé d'ignorer le danger. Prise par surprise, l'Armée française est contrainte de reculer. Pourtant, la progression n'est pas rapide : le terrain hâché par les obus freine les troupes qui peinent à se frayer un chemin à travers ce décor apocalyptique ; mais surtout, les survivants français se réorganisent et ripostent. Un sacrifice qui permettra de ralentir l'avance allemande et de permettre l'arrivée de renforts.

Cherchant un abri, un homme s’est jeté dans le boyau, et la boue est de suite montée jusqu’à sa ceinture. Il demande de l’aide : deux hommes lui ont tendu leurs fusils ; deux fois ils ont glissé et vite ils ont repris place dans la colonne qui passe tout près, sourde aux supplications de l’enlisé qui s’enfonce lentement, sans secours, isolé par l’égoïsme ou par l’impuissance de la fatigue.
Plus bas, des blessés se plaignent atrocement. L’un d’eux est tombé dans un entonnoir : il se confond presque avec la boue, et bientôt il ne fera qu’un avec elle. On ne retrouve pas son corps.

Extrait de l'historique du 30ème Régiment d'Infanterie d'Annecy

Petit à petit, les régiments des Panossiens vont être engagés dans cette ignoble bataille. Partout autour d'eux, sur les deux rives de la Meuse, du Mort-Homme à Vaux, les combats font rage. Des Drômois, des Ardennais, des Gascons, des Normands et même de courageux Corses qui montent à l'assaut drapeau tricolore à la main : toute la France se bat à Verdun.

Fin avril, ceux des 22ème et 30ème Régiments d'Infanterie, tout comme le Caporal Adolphe Durand du 416ème, vont relever leurs camarades dans le secteur de Thiaumont et découvrir leurs nouvelles positions autour du Ravin de la Dame. Dans ces parages de mort, ils ne bénéficient ni d'abris, ni de tranchées pour se protéger des effroyables bombardements ; les relations avec l'arrière sont impossibles, les mitrailleuses allemandes ayant en ligne de mire la seule voie de communication qui y mène, rendant, par la même occasion, le ravitaillement délicat ; et partout s'entassent les cadavres, sur le champ de bataille, sur le parapet, dans les boyaux. Le 7 mai, une attaque allemande anéantit 2 compagnies du 416ème, tandis que le 22ème de Bourgoin compte plus de cent tués. Malgré les conditions abominables et les horreurs qu'ils subissent, les hommes font preuve d'un extraordinaire courage : lorsqu'il fallut des volontaires pour rejoindre le poste de commandement sous le feu ennemi, ils seront quinze Dauphinois du 22ème à se présenter. Sept tomberont, les uns après les autres, sous les yeux de leurs camarades, en tentant la dangereuse entreprise.

C'est un 22ème amputé du tiers de son effectif qui est relevé le 14 mai. Il quitte le secteur en compagnie du 30ème et du 416ème qui sont, eux aussi, fort éprouvés par leur séjour en première ligne. Harcelés par l'artillerie, entourés par la mort, les hommes deviennent fous.

Se sentant proches de la victoire, les Allemands jettent toutes leurs forces dans la bataille à partir de fin juin, en réussissant à occuper la crête de Fleury et en atteignant le fort de Souville. Mais bien qu'écrasés par l'artillerie, les troupes françaises n'abdiquent pas et résistent. L'adversaire n'ira pas plus loin : ils viennent de définitivement perdre l'initiative.

Sous-officier d'un courage et d'un allant remarquables, en a donné maintes preuves depuis le début de la campagne. A l'attaque le 24-8-16 s'est porté vaillamment à l'assaut d'un position ennemie. Quoique blessé revint avant d'aller au poste de secours donner un renseignement précieux à son commandant de compagnie.

Citation à l'ordre du Régiment du Sergent Guicherd

Les Panossiens des trois régiments partent à la mi-août prendre position à la Laufée où une période très pénible sous les bombardements les attend. Le 24 août, le Sergent Joseph Guicherd est à la tête d'un groupe qui tente un coup sur une position ennemie. Une action pleine d'audace qui lui vaudra une Croix de Guerre avec étoile de Bronze. Mais il reviendra de Verdun gazé. Début septembre, l'autre régiment de Bourgoin, le 222ème, est jeté lui aussi dans les tranchées de Verdun. Par malheur, le village va se trouver de nouveau endeuillé : dans ce même secteur de la Laufée, Joseph Pierre Perrin, un Panossien né à la Bâtie-Montgascon, est tué le 26 septembre, probablement lors d'une patrouille.

Mais ces dures heures passées à préparer et à tenir les lignes vont finalement payer. Le 23 octobre, après près de huit mois de combats inhumains, les Français pillonent les positions allemandes : l'artillerie adverse est neutralisée. Bientôt, les troupes, dont le 30ème Régiment d'Infanterie d'Annecy de Joseph Morel, épaulées par le 222ème de Bourgoin, s'élancent vers les forts de Douaumont et de Vaux. Les Savoyards enlèvent, au pas de charge, la batterie de Damloup. Douaumont est repris le jour-même, Vaux le 2 novembre. À la mi-décembre, les Allemands sont refoulée sur leurs positions de départ. Tout cela pour ça. Ce sont amers mais victorieux, sur les terres meurtries de Verdun, que les Dauphinois passent ainsi leur troisième Noël de Guerre.

Assaut britannique près de Thiepval – Lt. E. Brooks (Imperial War Museums)

L'autre front

Les Français, qui devaient en fournir l'effort principal et qui ont du transférer leurs divisions sur le front de Verdun, sont contraints de confier la grande offensive de la Somme aux Britanniques. Ces derniers débutent les opérations le 1er juillet par un assaut massif qui se soldera par un échec et la perte de plus de 21 000 hommes, tués ou disparus. Joffre reste sourd aux demandes de ses alliés de stopper l'offensive et réclame la poursuite des combats dans le secteur.

Tombé glorieusement en montant à l'assaut d'une position fortifiée.

Citation à l'ordre du Régiment du soldat Bizet

Les chasseurs alpins des 30ème et 11ème Bataillons, dans lesquels servent plusieurs Panossiens, arrivent en juillet sur ce front après avoir passé un début d'année difficile dans les Vosges à l'Hartmannswillerkopf (le Vieil Armand en français – surnommée la Mangeuse d'Hommes). Ils y sont rejoints par le 23ème de Joseph Dufour — qui vient de terminer son instruction – et le Régiment des Lions, le 133ème Régiment d'Infanterie de Belley qu'a rejoint Joseph Bizet en juin 1916. Si le succès n'est pas au rendez-vous pour les Britanniques, les Français, eux, bénéficient d'un effet de surprise qui leur permet, jusqu'au 20 juillet, d'avancer rapidement et de remplir la totalité de leurs objectifs. Les Allemands vont alors retirer plusieurs divisions de Verdun – facilitant ainsi le dénouement de la bataille – pour venir opposer aux Alliés 300 000 hommes supplémentaires. Le 30 juillet, lors de l'attaque du bois de Hem, Joseph Bizet trouve la mort devant une position fortifiée allemande. Cinquante-huit soldats du 133ème y seront tués comme lui, plus d'une centaine seront portés disparus. Il repose encore aujourd'hui dans la Somme, à la Nécropole Nationale de Biaches.

A assuré dans des circonstances très difficiles les liaisons téléphoniques constamment coupées par les feux de barrage de l'artillerie ennemie.

Citation à l'ordre de la Brigade du Caporal Meunier

Après Curlu en juillet et Maurepas en août – où ils combattent la Garde Impériale Allemande, les Alpins se retrouvent dans le secteur de Bouchavesnes fin septembre. Eugène Bouvet, dont les deux frères ont été capturés par l'ennemi en 1914, y est mortellement blessé le 27 septembre. Il décèdera quelqus jours plus tard à Hôpital Général Pontoise (Seine & Oise) et sera inhumé à Panossas. Cette meurtrière Somme va néanmoins voir un Panossien s'illustrer. Le Caporal Charles Meunier, chasseur au 30ème Alpins, va être en effet récompensé d'une Croix de Guerre pour son comportement au feu, assurant sans relâche les liaisons téléphoniques indispensables au Commandement.

La bataille de la Somme prend fin courant novembre quand les conditions climatiques rendent les offensives impossibles. Si les Alliés ont progressé, il n'y eut aucune percée, et les objectifs finaux ne sont pas atteints. Une fois de plus, les projets de reprise de la guerre de mouvement voulus par l'Etat-Major se soldent par un échec. Une fois de plus, les offensives se sont enlisées, transformées en guerre d'usure coûteuse en vies humaines.

Evacué de Gallipoli en septembre 1915 et après la couverture de la retraite serbe en novembre, Joseph Bourgeois et le 175ème Régiment d'Infanterie passeront la majeure partie du premier semestre 1916 à l'organisation du camp de Salonique et de la première ligne de défense au nord de Vatiluck. Le régiment remonte néanmoins en ligne au mois de septembre pour mener l'assaut sur Petorak. L'assaut est un échec, l'amertume étant renforcée par l'attitude de la cavalerie bulgare qui n'hésitera pas à attaquer des blessés et des brancardiers sans défense. En novembre, il part pour la boucle de la Cerda : le 14, avec au moins 25 camarades, Joseph est tué sur le Saillant de Kenali en Macédoine.

Il sera le quatrième et dernier Panossien à tomber en cette année 1916.

Tir de barrage dans le secteur de Craonne en 1917 – Gallica (Bibliothèque nationale de France)

Sur le plateau

En 1917, ce sont les jeunes de la classe 1918 – nés en 1898 – qui sont appelés pour servir dans les rangs de l'Armée française. Deux Panossiens vont être concernés cette année là : Jean Chemin part au 2ème Régiment de Zouaves tandis que Lucien Pascal finit par rejoindre le 114ème Régiment d'Artillerie Lourde de Valence.

Tombé en disgrâce auprès du Parlement qui lui reproche de n'avoir jamais réussi à percer les lignes allemandes, Joffre est remplacé en décembre 1916 par le Général Nivelle qui promet aux dirigeants français une victoire rapide. Il décide de reprendre un projet d'offensive décidé par son prédécesseur tout en appliquant la tactique qui a permis à l'Armée Française de remporter la victoire à l'automne à Verdun. L'attaque se fera au Chemin des Dames, un plateau compris entre les vallées de l'Ailette et de l'Aisne. Malheureusement, les Allemands mettent la main sur une copie du plan : quand les Français sortent des tranchées, ils les attendent sur des positions renforcées et à peine entamées par l'artillerie.

La bataille débute le 16 avril à 6 heures dans le froid et la neige. Selon le député Jean Ybarnégaray, elle est déjà perdue une heure plus tard. Les régiments coloniaux qui forment le gros des troupes d'assaut sont fauchés par les mitrailleuses ennemies ; les tirailleurs sénégalais sont décimés. Deux jours plus tard, les divisions de réserve passent à l'attaque, sans plus de succès. Après une semaine de combats, les Français comptent déjà près de 30 000 tués.

Ce s'ra vot' tour messieurs les gros / D'monter sur le plateau / Et si vous voulez faire la guerre / Payez-la de votre peau

Extrait de la chanson de Craonne

Les hommes sont fatigués. Oh ! ils ne refusent pas de se battre pour leur pays, mais ils n'ont plus foi en l'opération meurtrière de Nivelle qu'ils surnomment maintenant «Le Boucher». Plusieurs régiments au repos, qui après avoir vécu l'enfer en 1916 viennent de subir de lourdes pertes au Chemin des Dames, refusent d'être renvoyés en ligne. Le mécontentement est contagieux : des cas de désertion apparaissent bientôt dans les régiments en première ligne. L'Etat-Major réagit prestement et sévèrement : les condamnations pleuvent ; une trentaine de soldats seront exécutés. La rumeur de mutineries arrive jusqu'aux Allemands qui comprennent alors qu'ils ont en face d'eux des régiments épuisés qui n'ont pas été relevés. A partir de la mi-juin, ils lancent donc une contre-offensive pour mettre à profit la faiblesse actuelle de l'Armée française. Ordre est donné aux régiments français en ligne de résister coûte que coûte. Ils résisteront. Quand le 22ème de Bourgoin, touché par la grève, est finalement relevé le 21 juin, son passage au Chemin des Dames lui a coûté plus de 140 tués et disparus.

Soldat courageux et dévoué a été tué à son poste de combat au cours d'un violent bombardement le 14-8-17.

Citation à l'ordre du Régiment du soldat Feissel

Pour tous, la bataille de Verdun a pris fin en décembre 1916, mais le front dans ce secteur n'a pas pour autant disparu. Si les combats sont moins violents qu'ils ont pu l'être par le passé, les régiments français continuent à occuper les tranchées maudites et les hommes continuent d'y mourir. Jean-Baptiste Feissel et Joseph Vial ont servi ensemble au 14ème Section d'Infirmiers Militaires entre février 1915 et décembre 1916. Leurs chemins se sont séparés, l'un incorporant le 2ème Régiment d'Infanterie de Granville, l'autre le 155ème Régiment d'Infanterie de Commercy. Le hasard fait que leurs régiments se retrouvent à l'été 1917 pour combattre devant Verdun. Le séjour n'est pas moins pénible, moins périlleux qu'en 1916 : comme à l'époque, l'artillerie allemande harcèle continuellement des soldats contraints de tenir des tranchées de fortune. C'est cette dernière qui emportera Jean-Baptiste Feissel à la Côte de Poivre le 14 août 1917 : tout le courage du Panossien sous le bombardement ennemi ne lui sauvera malheureusement pas la vie. Le 20 août, le lendemain de ses 35 ans, Joseph Vial est en ligne avec la 10ème Compagnie dans le secteur de Louvemont : sa tranchée n'est à peine qu'à un kilomètre au nord du lieu où est tombé son camarade quelques jours plus tôt. Le 155ème passe à l'attaque au petit matin et atteint tous ses objectifs sous le feu meurtrier d'un barrage roulant allemand. C'est un grand succès. Mais quand la poussière retombe, le Panossien n'est plus et le village perd un onzième enfant.

Chasseur brancardier au front depuis le début de la guerre. Brave et dévoué, a fait preuve pendant la période d'attaque dans laquelle sa compagnie était engagée pour l'organisation du terrain d'un très grand sang-froid lors de l'évacuation de blessés sous les bombardements.

Citation à l'ordre du Bataillon du soldat Rolland

Quelques rares bonnnes nouvelles viendront cependant éclaircir cette triste année 1917 : après un séjour difficile dans l'Aisne à aménager la première ligne, Joseph Rolland, attaché au 2ème Bataillon Territorial de Chasseurs à Pied reçoit, en septembre, la Croix de Guerre faisant de lui, à 45 ans, le plus âgé de tous les Panossiens décorés. Il quittera ses camarades quelques jours plus tard en rejoignant les rangs du 286ème Régiment d'Infanterie Territoriale.

Malgré l'échec de l'offensive de printemps au Chemin des Dames, l'Etat-Major n'abandonne pas son plan de percée dans le secteur. Le Général Pétain, qui a remplacé le Général Nivelle, espère un succès grâce à une offensive concentrée sur le Fort de la Malmaison. Le 24 octobre, au petit matin, dans le noir, l'attaque débute. Le 22ème de Bourgoin et le 30ème d'Annecy s'élancent bientôt. Des tirs d'artillerie efficaces et des chars plus légers et plus rapides permettent aux Français de laver l'affront de l'abominable défaite d'avril : les régiments se rendent rapidement maîtres de leurs objectifs respectifs. Ils subissent néanmoins des pertes très importantes et cette guerre coûtera une fois de plus la vie à un Panossien : Joseph Morel, 23 ans, est ainsi tué dans les combats de l'Allemant.

L'offensive de la Malmaison marque la dernière grande offensive française de l'année, et malgré son succès, l'opération au Chemin des Dames reste une défaite. L'arrivée des Américains aux côtés des Français et des Britanniques laissait entrevoir une sortie rapide du conflit, mais les évènements prennent une tournure inattendue en cette fin d'année : l'Italie subit un revers cinglant devant les troupes de l'Autriche-Hongrie, créant, de fait, une dangereuse brêche ; quant à la prise de pouvoir des Bolchéviks en Russie, elle clôt définitivement le front Est, permettant aux Allemands de récupérer un nombre important d'unités combattantes qu'ils pourront ainsi redéployer sur le front occidental.

Le carrefour du Pompier. Au fond, le Mont Kemmel – Editions NELS - Belgique (collection privée)

Les grandes manœuvres

Alors que le conflit rentre maintenant dans sa quatrième année, le jeu des mutations va peu à peu éparpiller nos Panossiens dans les différents régiments français. Si François Boissat restera fidèle au 54ème Régiment d'Artillerie de Campagne jusqu'à la fin de la guerre, d'autres vont devoir quitter leurs camarades pour combler les pertes : Jean Chemin et Jean Baptiste Tacher vont, par exemple, se cotoyer un moment au 2ème Régiment de Zouaves avant que le premier ne rejoigne le 3ème Régiment de Zouaves ; certains territoriaux vont être reversés dans des unités combattantes, à l'image de Jean Feissel, frère aîné de Jean-Baptiste tué à Verdun en 1917, qui quitte le 106ème Territorial pour le 38ème Régiment d'Infanterie de Saint-Etienne. Par ailleurs, les dépôts voient arriver les jeunes de la classe 1919 pour l'instruction. Louis Borne et Camille Gravet rejoignent le 30ème d'Infanterie d'Annecy pour le premier, et le 9ème d'Artillerie de Campagne pour le second.

En grande difficulté face aux Autrichiens, les Italiens vont voir débarquer fin 1917 plusieurs bataillons de chasseurs alpins pour les aider à contenir l'avancée ennemie. Entraînés aux conditions extrêmes et au combat dans les massifs montagneux, ils vont se révéler particulièrement efficaces en fixant les troupes autrichiennes dans un premier temps, puis en reprenant les positions stratégiques sur le front. Mais alors que les chasseurs prenaient indéniablement l'avantage sur leurs adversaires, les bataillons vont être rappelés en urgence en France.

L'Allemagne, forte de plusieurs divisions redéployées sur le front occidental après la fin de la guerre avec la Russie, veut profiter de cet avantage numérique avant que les troupes américaines ne soient opérationnelles. Le 21 mars 1918, elle attaque dans la Somme. Submergés, les défenseurs britanniques n'ont comme seule option que de battre en retraite : les Allemands réussissent à faire avancer le front de plus de cinquante kilomètres et concentrent toutes leurs forces sur Arras. Ils ignorent alors qu'ils viennent de créer une brêche dans les lignes alliées, brêche qui est colmatée avec des unités de réserve quelques jours avant que l'Etat-Major allemand en apprenne l'existence. Face à des soldats décidés à tenir les positions, l'avancée allemande est arrêtée et l'offensive prend fin le 4 avril.

Agent de liaison très courageux et dévoué entre le colonel et le médecin chef. A rempli sa mission d’une façon parfaite même sous les plus forts bombardements pendant la période de combats du 17 au 27 avril 1918.

Citation à l'ordre du Régiment du soldat Tacher

Les périodes post-offensives, moins intenses en assauts, sont tout de même loin d'être de tout repos pour les soldats. Chaque camp en profite ainsi pour occuper et renforcer ses lignes, une entreprise souvent périlleuse lorsque les travaux sont faits sous le bombardement continu de l'artillerie ennemie et que les tentatives de coups de main sont quotidiens. Jean Raymond Tacher va d'ailleurs s'illustrer en recevant sa première Croix de Guerre, obtenue en effectuant les dangereuses tâches de coureur.

L'Empire Allemand ne compte cependant pas en rester là. Le 25 avril, il attaque dans les Flandres, près d'Ypres : c'est lors de cette offensive qu'Adolphe Durand et de nombreux autres soldats du 416ème sont capturés au Mont Kemmel. Puis le Général Ludendorff va attaquer sur le front de l'Aisne afin de fixer l'Armée française et d'isoler l'Armée britannique. Le 27 mai, sept divisions allemandes passent à l'action : l'offensive a été tellement foudroyante que Jean Feissel, alors au centre d'instruction divisionnaire, bien en arrière des lignes, se trouve engagé avec sa compagnie au Pont de Jaulgonne : le territorial panossien y est blessé à la main gauche. Paris est de nouveau menacé, mais les soldats alliés parviennent à contenir l'avancée allemande et à reprendre quelques kilomètres de terrain perdu grâce à une série de contre-attaques.
Le 15 juillet, c'est une nouvelle diversion allemande qui est lancée, cette fois-ci sur la Champagne. Les Allemands traversent la Marne, mais l'arrière-garde alliée tient bon et épuise les troupes de tête. Les cinq offensives allemandes lancées depuis avril 1918 ont permis des gains de terrain conséquents, mais les objectifs n'ont pas été atteints. Pire, le bilan humain est désastreux : elles ont coûté près de 500 000 hommes à l'Empire Allemand. Conscient que ses plans de victoire décisive à l'été sont douchés, Ludendorff planifie le repli de ses troupes exténuées. Mais les Alliés – maintenant bien épaulés par le contingent américain – profitent de la faiblesse de leur adversaire pour lancer une grande contre-offensive. Le 18 juillet 1918 débute ainsi la deuxième bataille de la Marne.

L'Armée allemande repasse le Rhin à Coblence après l'Armistice – Bundesarchiv Bild 146-1976-076-25A

La victoire

Le 18 juillet 1918, vingt-et-une divisions alliées passent à l'attaque sur la Marne. Ebranlés après quatre mois d'opérations systématiquement mises en échec, les Allemands sont bousculés et en deux jours, les Alliés affaiblissent un peu plus l'ennemi en faisant de nombreux prisonniers et en capturant du matériel. Les Allemands envoient des renforts, en vain : le 7 août tout le terrain est repris.

A pris part aux combats du 20-7-18 au 6-8-18 à la suite desquels le bataillon a été cité à l'ordre de l'Armée. S'est distingué par sa bravoure.

Citation à l'ordre du Bataillon du Caporal Meunier

Sur l'Ourcq, le 23ème de Joseph Dufour et le 30ème Alpins de Charles Meunier sont victorieux. Ce dernier se distingue d'ailleurs en recevant une nouvelle citation à l'ordre du bataillon – il accroche ainsi à sa Croix de Guerre une seconde étoile de bronze. Cette nouvelle récompense lui permettra de recevoir, à la fin de la guerre, la distinguée Médaille Militaire. La seconde bataille de la Marne laisse néanmoins blessé Antoine Drogoz, affecté au 4ème Régiment de Dragons, qui est touché le 18 juillet par des éclats de bombe près de Coeuvres. Son courage et son sang-froid au feu seront toutefois récompensés par une Croix de Guerre.

Au cours des combats du 10 au 22-8-18 a commandé sa section avec un courage et un sang froid remarquables. Le 15 août a fait une reconnaissance audacieuse sous le feu des mitrailleuses dans les lignes ennemies. A rapporté d'utiles renseignements.

Citation à l'ordre du Régiment du Sergent Guicherd

Le 6 août, les Alliés poursuivent leurs actions en lançant une offensive en Picardie. Dans l'Oise, le 299ème force le Matz et dans l'élan emporte trois villages. Le Sergent Joseph Guicherd y obtient une deuxième citation à l'ordre du Régiment – et donc, lui aussi, la Médaille Militaire – pour son attitude exemplaire lors des derniers combats. Charles Meunier, de nouveau, se verra récompensé après les succès du 30ème Alpins dans la Somme, autour de Roye. Très en pointe, les chasseurs se retrouvent pris à partie par les contre-attaques allemandes sans que ces dernières ne parviennent à les faire plier. Le Panossien, avec quelques uns de ses camarades, réussira, malgré les bombardements, à garantir le fonctionnement des liaisons téléphoniques, rendant ainsi de très grands services au commandemement. Cité à l'ordre de la Division, il pourra accrocher à sa Croix de Guerre une troisième étoile, d'argent cette fois-ci, et verra même son nom inscrit dans l'historique officiel du régiment. En Picardie, l'opération est un grand succès : les combats restent intenses, mais, affaiblies, les troupes allemandes offrent de moins en moins de résistance. Engageant un repli, elles finissent par se réfugier par delà la ligne Hindenburg, prochain objectif des Alliés.

Après la prise de Saint-Mihiel par les Américains et les Français, la plupart des saillants allemands sont enfoncés au 15 septembre. Le Commandement allié va décider de lancer une grande offensive sur l'imposante ligne de défense allemande longue de 160 kilomètres. Elle commence le 26 septembre par une attaque sur le front Meuse-Argonne à laquelle participe le 299ème Régiment d'Infanterie : appuyée par les premiers chars Renault FT-17 qui se révèlent être particulièrement efficaces, l'opération est un succès. Deux jours plus tard, c'est l'Armée belge qui attaque en Flandre en liaison avec plusieurs régiments français, dont le 23ème de Joseph Dufour. Le 29 septembre, les Britanniques lancent l'offensive principale sur la ligne Hindenburg. Le 30ème Bataillon de Chasseurs Alpins participe à l'assaut dans le secteur de Saint-Quentin, et, malgré l'effort de nos soldats, l'ennemi s'accroche coûte que coûte : les Allemands profitent de chaque occasion pour contre-attaquer en force, provoquant un nombre important de pertes pour nos chasseurs. Le 5 octobre, emmenés par de vaillants Canadiens, les Britanniques finissent par briser la ligne : les Alliés tiennent enfin la percée espérée depuis le début de la guerre en 1914.

Excellent sous-officier. Le 1-11-18, à la tête de sa section, a dirigé une attaque de nuit avec le plus grand calme et a atteint rapidement son objectif malgré les difficultés du terrain et les tirs des mitrailleuses ennemies. A conquis la partie sud du village de Falaise en capturant 60 prisonniers et plusieurs mitrailleuses.

Citation à l'ordre de l'Armée du Sergent Guicherd

Le 10-11-18 faisant partie d’une patrouille chargée d’aborder le village de Segelsem a malgré les tirs très nourris des mitrailleuses franchi un glacis et pénétré dans le village

Citation à l'ordre du Régiment du soldat Dufour

A partir de cette période, l'Allemagne, poursuivie dans sa retraite par les troupes françaises, britanniques et américaines, commence à perdre les terrains conquis au début de la guerre. Les Alliés, en surnombre, dominent leur adversaire, mais les combats d'arrière-garde continuent de coûter de nombreuses vies dans chaque camp. Malgré tout, la poussée est nette. Le 30ème Alpins avance dans le secteur de Hirson avant d'être relevé le 8 novembre au moment où il allait passer la frontière ; chef du service téléphonique du bataillon, le caporal Joseph Meunier voit son dévouement récompensé par une quatrième citation. Le 299ème pousse en Argonne, en enlevant, au sein de la 74ème Division d'Infanterie, les villages tenus par l'ennemi les uns après les autres. Joseph Guicherd se distinguera particulièrement dans le secteur le 1er novembre en faisant de nombreux prisonniers à la tête de sa section. Après avoir débordé les Allemands à Roulers en Belgique début octobre, le 23ème de Bourg-en-Bresse, aux côtés des Britanniques, repousse l'ennemi vers l'Escaut dans la deuxième quinzaine du mois avant de passer le fleuve à Audenarde le 9 novembre. Le 10, Joseph Dufour fait partie des audacieuses patrouilles qui entrent dans Segelsem.

Le 11 novembre 1918, le silence descend sur le champ de bataille. Abandonné par les Bulgares – battus fin septembre après la formidable poussée en Orient de l'Armée du Général Franchet d'Espèrey, sans son principal allié, l'Autriche-Hongrie – qui signe l'armistice le 4 novembre – l'Empire Allemand n'a d'autre choix que de capituler.

Après 1561 jours d'horreur et de souffrances, la guerre est enfin finie.

La Une du journal la Dépêche en date du 12 novembre 1918

Le retour au foyer

Si la guerre prend bien fin le 11 novembre, ce n'est pas pour autant que nos braves soldats rentrent immédiatement chez eux : les prisonniers sont rapatriés à partir de fin novembre et peuvent, pour la grande majorité d'entre eux, passer Noël 1918 auprès de leurs proches, mais les Panossiens du front vont rester dans leurs régiments respectifs pour occuper la rive gauche du Rhin, et ce jusqu'à leur démobilisation. Le territorial Joseph Rolland est démobilisé le 4 janvier 1919 ; le Quartier-Maître Charpentier Charles Tacher, lui, devra patienter jusqu'au 24 août. Quant à ceux des classes 1918 et 1919, ils doivent toujours leurs années de service à la Patrie : après un passage au Levant, le 1ère Classe Louis Borne ne sera renvoyé chez lui qu'en mars 1921.

Excellent soldat au front depuis le début de la campagne. A toujours donné l'exemple du courage, du dévouement et du travail.

Citation à l'ordre du Régiment du soldat Boissat

Les canons se sont tus, mais le mérite de nos Poilus panossiens va continuer à être récompensé : François Boissat, discret artilleur au 54ème Régiment d'Artillerie de Campagne, recevra une Croix de Guerre en 1919 pour son comportement exemplaire ; Jean Germain, valeureux sapeur grièvement blessé à Carency en mai 1915, sera fait, bien plus tard, en 1938, Chevalier de la Légion d'Honneur. Il rejoint dans l'Ordre le seul autre Panossien décoré de la plus haute décoration honorifique française, Jean Guicherd, sous-Lieutenant dans l'Armée de l'Empereur Napoléon et vétéran d'Austerlitz.

Les honneurs ne rendront cependant pas le retour plus facile. Pour beaucoup de soldats, c'est une nouvelle vie qui commence, une vie où vont se cotoyer la réalité abandonnée en 1914 et les abominables souvenirs des combats sur les champs de bataille de Verdun, de la Somme, du Chemin des Dames. Il y a les doutes, les interrogations. Ils sont là, vivants, mais 1.4 millions de leurs camarades ne reverront jamais leurs proches. Puis il y a les séquelles physiques, les maladies contractées sur le front qui affaiblissent et qui tuent, bien après la signature du Traité de Versailles. La commune de Panossas ne sera pas épargnée : elles emporteront Félix Biennard en 1920 et Claudius Bouvet en 1924.

Pour eux qui sont rentrés auprès de leurs proches, il est inimaginable que ce sacrifice soit vain. Ils se sont battus pour la France, mais aussi pour que leurs enfants n'aient jamais à revivre des épisodes aussi douloureux. Plus jamais. Mais malheureusement, l'Histoire prouvera que la « Der des Ders » n'est restée qu'une expression.

MORTS POUR LA FRANCE

(cliquez sur les noms pour afficher les informations détaillées)

BIENNARD Félix Alexandre

21 septembre 1920 – 30 ans
22ème Régiment d'Infanterie de Bourgoin (infirmier)
Croix de Guerre, Etoile de Bronze

BIZET Joseph Emile

30 juillet 1916 – 28 ans
133ème Régiment d'Infanterie (2ème classe)
Croix de Guerre, Etoile de Bronze

BONNARD Camille Louis Petrus

16 avril 1915 – 31 ans
222ème Régiment d'Infanterie (2ème classe)

BOURGEOIS Joseph Claude

13 novembre 1916 – 26 ans
175ème Régiment d'Infanterie (caporal)

BOUVET Claudius Henri Eugène

19 avril 1924 – 40 ans
22ème Régiment d'Infanterie (2ème classe)

BOUVET Eugène

3 octobre 1916 – 22 ans
11ème Bataillon de Chasseurs Alpins (2ème classe)

DURAND Joseph Antoine

20 décembre 1914 – 20 ans
17ème Régiment d'Infanterie (2ème classe)
Médaille Militaire / Croix de Guerre, Etoile de Bronze

FEISSEL Jean-Baptiste Benoît

14 août 1917 – 31 ans
2ème Régiment d'Infanterie (2ème classe)
Croix de Guerre, Etoile de Bronze

LADOUCY Jean-Claude

18 juin 1915 – 21 ans
20ème Bataillon de Chasseurs Alpins (caporal)
(Monument aux Morts de Chamagnieu, commune de naissance)

LADOUCY Joseph François

3 décembre 1914 – 22 ans
28ème Bataillon de Chasseurs Alpins (2ème classe)
(Monument aux Morts de Chamagnieu, commune de naissance)

MOREL Joseph Etienne

25 octobre 1917 – 23 ans
30ème Régiment d'Infanterie (2ème classe)

PERRIN Joseph Pierre

26 septembre 1916 – 36 ans
222ème Régiment d'Infanterie (2ème classe)

ROYBIN Louis Joseph

31 août 1914 – 22 ans
22ème Régiment d'Infanterie (2ème classe)

ROYBIN Lucien François

2 octobre 1914 – 21 ans
6ème Régiment d'Infanterie Coloniale (2ème classe)

VESSILLIER Joseph Jacques

10 août 1915 – 25 ans
22ème Bataillon de Chasseurs Alpins (1ère classe)

VIAL Joseph Marius Auguste

22 août 1917 – 35 ans
155ème Régiment d'Infanterie (2ème classe)